Dans la lumière du monde

Exposition – Cergy

2007

Texte du catalogue par Christian Caujolles, fondateur de l’agence Vu’.

UNE FIGURATION POETIQUE

 

L’invention de la photographie, au xixe siècle, questionna immédiatement la peinture. Au point de la mettre en crise et de faire disparaître certains métiers, comme celui des miniaturistes qui réalisaient des portraits et d’obliger le « grand genre » de la peinture d’histoire à se redéfinir.

Ce n’est pas pour cela que la peinture fut mise en danger et elle est aujourd’hui parfaitement vivante et même, depuis quelques années et après une période un peu mineure qui vit triompher la vidéo et les installations, particulièrement dynamique et créative.

Il n’empêche que rien ne peut être comme « avant » la photographie. Et, tout particulièrement, par rapport à la question de la figuration. On peut en effet se demander, au moment où la photographie occupe un champ des plus étendus, du document à l’image mise en scène qui figure des fictions – bien souvent influencées par le cinéma – quel est le sens, aujourd’hui, d’une peinture figurative.

Et ce d’autant qu’il est très net que le développement de l’abstraction – pour cause de photographie dominante – s’est essoufflé et cherche de nouvelles voies.

Au cours des cinquante dernières années, il n’y a guère que le mouvement de la figuration narrative (dont on retiendra essentiellement Jacques Monory et les Espagnols de « Equipo Cronica », et également Erro dont le travail est basé sur le collage des iconographies contemporaines) qui aient su nous convaincre.

Catherine Van den Steen nous propose autre chose. De la peinture, vraiment, de la peinture à l’huile, savante dans sa technique et pour laquelle elle se fonde sur des documents photographiques. Mais, qu’il s’agisse de l’eau ou de la circulation des passants dans l’espace (entre autres), elle opère un subtil déplacement, de nature strictement pictural. En effet, si elle revendique la figuration (une relation au monde réel et tangible qu’elle se donne pour but de percevoir et de représenter), elle sait, par sa maîtrise calme de la touche, dépasser ce qu’il y a d’obligatoirement réaliste dans la figuration photographique.

À l’opposé de l’impasse dans laquelle se sont fourvoyés les hyperréalistes, elle nous propose, pour notre plus grand bonheur et dans les vibrations de lumière que seule la technique de l’huile est capable de rendre, une autre modalité de la figuration : une figuration poétique.

La question, finalement, n’est plus celle de la représentation, même si elle est constamment présente, ni même celle de la figuration : Catherine Van den Steen nous propose simplement des moments de bonheur plastique qui parlent d’aujourd’hui et disent son attention au monde et sa sensibilité. De la vraie peinture, en somme.