Cette série de portraits a été réalisée en 2021 en collaboration avec l’association Forum Réfugiés.
Un projet d’exposition à l’occasion des 70 ans de la Convention Internationale de 1951 relative au statut des réfugiés.
J’ai découvert La Chute d’enfer des damnés de Pierre Paul Rubens, en 2015, au moment où l’Europe semblait perdre pied devant l’afflux des migrants, dont une partie fuyait la guerre en Syrie. Plusieurs pays fermaient leurs frontières, dressaient de nouveaux rideaux de fer. L’Europe avait peur.
Rubens avait peint cette œuvre monumentale en 1620. L’Europe avait été ravagée par les guerres de religion. Les hommes et les femmes qu’il a représentés sont bien en chair ; on songe aux puissants des cours qu’il a fréquentées et aux princes dont il a fait les portraits.
Le propos de ce tableau est encore plus d’actualité dans ce temps de pandémie. Un monde s’effondre sans que nous sachions ce que sera celui qui vient. La chute est générale. Les puissants sont face à un événement qui les dépasse. Nos pays sont aux prises avec la mort comme ils ne l’avaient plus été depuis les deux guerres mondiales.
Et pourtant la vie n’abdique pas, et la fatalité de l’effondrement peut être contestée, combattue. Nous devons nous mettre en mouvement.
Les Portraits d’exil que je présente dans ce dossier sont une partie d’un projet monumental, Rising-Soulèvement, destiné à être présenté dans l’espace public à partir de cette Chute dont l’une des caractéristiques est qu’elle dessine paradoxalement une remontée de lumière. Rubens en peignant signifiait à la fois l’effondrement et son drame, et la possibilité d’inverser le cours de la fatalité. Ce que tentaient les migrants qui venaient frapper aux portes de l’Europe.
En 2021, nous célébrerons le soixante-dixième anniversaire de la Convention Internationale de 1951 relative au statut des réfugiés. Si la période que nous traversons n’est pas propice à la création du projet Rising-Soulèvement, une exposition des Portraits d’Exil, garde tout son sens. Ils mettent en présence des personnes qui se sont arrachées à la fatalité pour ouvrir un avenir. Ils rendent compte de la fabuleuse énergie vitale qui habite l’humain quelle que soit son origine, sa culture, son histoire.
Un livre Portraits d’exil, édité aux édition Buchet/Chastel en 2022, rassemble les récits retranscrits par Béatrice Toulon de l’ensemble des personnes qui ont accepté de participer à ce projet (Préface de Paul Ardenne – historien de l’art et commissaire d’exposition; texte de Jean-François Ploquin – directeur de Forum-réfugiés; entretien sur ma démarche artistique avec Jannick Thiroux – collectionneur; restitution de tous les récits des participants par Béatrice Toulon – journaliste; postface de Catherine Chalier – philosophe).
