Rising – Soulèvement

2016-2021

Projet d’une installation monumentale itinérante dans l’espace public

Un geste artistique autour de la présence des exilés

Ce projet est né d’un choc face à une oeuvre La chute d’enfer des damnés de Pierre Paul Rubens, à un moment particulier, en 2015, lorsque l’Europe décidait de fermer ses frontières aux migrants.

Je me suis vue dans cette Europe riche, obèse, ne sachant pas comment faire pour limiter sa surconsommation, angoissée par une chute annoncée pour cause d’épuisement des ressources de la planète et du réchauffement climatique, angoissée par les guerres toutes proches, les radicalismes, les changements de modes de vie, déstabilisée par l’ouverture vertigineuse au monde qu’ont permis l’Internet et les réseaux sociaux, etc., etc.
Et, en face de moi, des personnes qui, ayant perdu tout espoir, ayant subi la violence, la guerre, l’humiliation, la faim, avaient choisi de partir, de quitter leur pays pour prendre un chemin qu’elles espéraient un chemin de vie et d’avenir, une « remontée de l’enfer », et nous leur fermions la porte.
Je n’ai pas pu détourner le regard.

Film de présentation du projet

La Chute d’enfer des damnés, 1620, peinture à huile sur bois, P.P.Rubens
Dessin, encre et crayons aquarellables sur toile de coton, 2019, (200x147 cm)

Rising-soulèvement, pour dire que nous ne sommes pas condamnés à la chute.

J’ai imaginé un projet dont le sens serait de dire que nous n’étions pas condamnés à la chute. Proposer qu’au lieu d’être dans un « face à face », nous soyons dans un « côte à côte », pris dans le même mouvement, le mouvement de la nécessité de vivre.
L’œuvre que j’ai imaginée à partir de cette peinture de Rubens s’appelle Rising-soulèvement, parce qu’elle invite le visiteur à monter.

Je veux mettre en scène l’idée que nous avons les ressources en nous-mêmes pour envisager l’avenir. Ceux qui frappent à notre porte en sont les premiers témoins.
Habitants d’une seule et même planète, nous sommes engagés ensemble à réfléchir et mettre en œuvre les grands changements qu’il nous faut entreprendre.
Ces personnes qui viennent demander l’asile représentent des parcelles de territoires du monde où ce questionnement est encore plus brûlant. Nous aurons besoin de tous, de tous les imaginaires, de toutes les connaissances, de l’énergie et de la soif de vivre de chacun pour amorcer le virage.
J’ai la conviction que si Rubens a voulu faire cette œuvre grandiose et bouleversante pour celui qui la regarde, ce n’est pas pour que celui-ci reste dans une contemplation passive d’une chute inévitable — son engagement diplomatique auprès des cours d’Europe en est sans aucun doute la meilleure preuve — mais pour éveiller en lui un questionnement sur l’état d’une société où l’humain, pris par de multiples forces contradictoires, subit sa chute au lieu de rester acteur de son destin.

Le projet : une installation monumentale qui met le visiteur en mouvement.

L’idée est de faire éprouver au public cette énergie vitale qui habite l’humain et qui se révèle d’une manière particulièrement forte aujourd’hui dans le parcours des demandeurs d’asile et des personnes en situation d’exil.
Cette installation sera composée d’un échafaudage de trois étages, recouvert de bâches tendues et imprimées, dans lequel le public sera invité à entrer pour réaliser un parcours visuel et sonore.
La structure en échafaudage de cette œuvre/installation permettra qu’elle soit itinérante.

Présentée dans l’espace public, cette œuvre monumetale sera visible de loin et fera événement. Elle proposera plusieurs points de vue
De face, la peinture de Rubens redessinée en valeur (ombres et lumières) et imprimée sur une toile micro perforée, laissant passer la lumière, donnera à voir la chute des corps imaginée par Rubens (voir page 9), traversée par les ombres des silhouettes du public invité à monter à l’intérieur de l’échafaudage.
De dos, l’impression sur bâche des quatre peintures monumentales intérieures assemblées (voir page 5) donnera à voir le mouvement d’ensemble, l’énergie et la composition lumineuse ascendante qui habite l’œuvre de Rubens, points d’appui de mon travail de composition pour ces peintures.
Les côtés permettront à droite l’entrée du public dans la structure, à gauche sa sortie en fin de parcours. Sur ces bâches latérales, seront imprimés d’un côté, toutes les couleurs conçues lors des ateliers avec les demandeurs d’asile (voir page 7) de l’autre côté, l’ensemble de leurs prénoms, une présentation du projet Rising–soulèvement, ainsi que les remerciements à tous ceux qui auront participé d’une manière ou d’une autre à sa réalisation.

Escalier façade derrière la toile représentant La chute d’enfer des damnés
Escalier d’accès à l’intérieur de l’échafaudage, un mètre de lest étant nécessaire pour la stabilité de la structure.
Escalier de descente au dos de la structure. Il sera derrière la bâche imprimée reprenant les quatre peintures intérieures assemblées.
Première étude pour la structure par la société Entrepose échafaudages

Quatre peintures monumentales à l’intérieur de l’échafaudage.

Ces peintures vont s’appuyer sur le mouvement, l’énergie, la composition de la peinture de Rubens, réinvestis dans une gamme colorée personnelle (Ce travail s’inscrit dans la suite de la série Rubens à New York que j’ai réalisée entre 2014 et 2018. Rubens à New York)

Ce seront des œuvres de création.

L’enjeu est, pour moi, de rendre proches du visiteur des personnes de divers horizons qui, pour des raisons diverses, ont dû quitter leur terre natale et qui ont transformé cette rupture en ouverture à l’autre dans un engagement personnel fort en faveur de la vie.
Dans l’énergie lumineuse de la peinture de Rubens, je retracerai le parcours d’une vingtaine de personnes exilées, que j’aurai pris le temps d’interviewer. Je ferai leurs portraits en pied, et en mouvement, à différents endroits des toiles de la montée, en les associant à des images, lumières, évènements, paysages, qu’elles auront évoqués lors de notre rencontre.
Le visiteur, tout en étant lui-même acteur de l’œuvre — son cheminement déclenchant des éclairages à son passage, sera visible de l’extérieur, comme en ombre chinoise, sur la toile de façade — évoluera dans une grande proximité à ces peintures qui couvriront le fond de chaque étage (chacune de ces peintures fera 3 m x 9,4 m).
Un accompagnement sonore, réalisé par un designer sonore, accompagnera cette montée.

Arrivé en haut de l’échafaudage, le visiteur redescendra par un escalier situé à l’arrière des toiles peintes.

Les quatre peintures s’inscriront dans le mouvement de l’œuvre de Rubens
Visite avec des résidents du Foyer Siegfried à Nanterre au Centre Pompidou
Atelier au sein du Foyer Siegfried à Nanterre avec l’association Aurore

Dès le début, ce projet s’est basé sur la rencontre.

J’ai tout de suite pensé que pour être en cohérence avec mon propos, il me serait nécessaire de créer des liens d’attention, de respect et d’humanité avec ces personnes qui malgré toutes les embuches dressées sur leur route d’exil, arrivent sur notre territoire pour demander l’asile et sont hébergées dans des Centres d’accueil ou d’entraide.

En lien avec mon projet, j’ai conçu ces ateliers avec l’idée qu’elles y trouveraient leur place.

J’ai conçu ces ateliers en lien avec mon projet avec l’idée qu’elles y trouveraient leur place.

Comme celui-ci, ces ateliers reposent sur deux « pieds ». D’un côté, une dynamique de création et d’expression qui nous précède à travers l’œuvre d’artistes que l’on peut découvrir au musée, et de l’autre côté, la possibilité d’exprimer, à notre tour, ce qui nous habite, témoignant ainsi d’une réalité d’aujourd’hui.

J’ai ensuite imaginé de structurer ces ateliers autour de quatre thèmes, faisant référence aux quatre niveaux de l’échafaudage.
En m’appuyant sur le corps humain, notre bien commun, les thèmes se déploient ainsi :
Les pieds : d’où je viens.
Les jambes : mon parcours.
Le tronc : ce que j’ai amené avec moi, ce qui est dans mon cœur.
La tête : ce que j’espère, je désire, ce qui me fait avancer.

Chaque atelier se déroule sur plusieurs séances.

La grande majorité des participants aux ateliers n’a jamais fait de peinture.

Après une première rencontre qui permet de présenter le projet Rising-soulèvement, nous faisons une visite au musée.
La première séance d’atelier proprement dit est une découverte de la matière — la gouache — des outils et de la couleur qu’ils explorent à partir des trois couleurs primaires, du noir et du blanc.
Les quatre séances suivantes abordent les quatre thèmes.

À chaque fois, les participants commencent par imaginer une couleur en lien avec le thème. Ils la fabriquent et l’appliquent en aplat sur un petit format.
Puis sur une grande feuille (50×65 cm), à partir de cette couleur, ils font une composition, figurative ou non.
C’est une émotion immense de voir naître, des œuvres profondément habitées que souvent ils préparent dans leur tête avant la séance.

L’atelier se conclut par une exposition au sein de la structure d’accueil. C’est l’occasion d’échanger avec les autres résidents et de mettre des mots sur ce que la peinture a permis de dire au-delà de l’ordinaire des jours qui se succèdent dans l’attente de la réponse à leur demande d’asile.

« D’où je viens. » Yakouba (Guinée)
« Mon parcours, le voyage. » Modibo (Mali)
« Ce que j’ai amené avec moi… » Guedio (Mauritanie)
« Ce que j’espère, je désire, …» Modibo (Mali)
Dessin d’après La Chute d’enfer des damnés de Rubens, 2019, crayon de couleur indigo foncé sur papier, (184x147 cm). Réalisé en vue de la toile de façade

Une exposition « Making of » en parallèle à l’installation.

Cette exposition permettra au public d’entrer dans le processus de création de cette œuvre monumentale.
Dans cette exposition, seront présentés l’ensemble des peintures réalisées par les demandeurs d’asile lors des ateliers, ainsi que tous mes travaux préparatoires à la réalisation du projet Rising-soulèvement : dessins, esquisses, peintures, maquettes.
Un film documentaire retracera les différentes étapes du projet, son évolution, jusqu’à sa réalisation finale, un travail qui se sera déroulé sur plusieurs années.

Couleurs conçues par les demandeurs d’asile lors de l’atelier
au CADA de Villeurbanne avec Forum Réfugié-Cosi, juillet 2019
Couleurs conçues par les demandeurs d’asile lors de l’atelier au CADA de Villeurbanne avec Forum Réfugié-Cosi, juillet 2019

Un livre-catalogue recueillera des textes de plusieurs personnalités du monde de la philosophie, de l’histoire, de la littérature et de l’art. Il proposera une réflexion sur cette dynamique, cette énergie vitale qui habite l’humain confronté à la mort ou à la destruction.

Un projet qui pourra circuler en France et en Europe.

Étant donné la structure en échafaudage du projet Rising Soulèvement, celui-ci pourra être itinérant et accueilli dans différentes villes de France et d’Europe en adaptant sa forme à différents contextes et possibilités d’installation.

L’association ANACHROMIQUES (association loi 1901), qui a pour but de promouvoir les arts visuels, permettre la réalisation de projets artistiques dans ce domaine et soutenir l’activité artistique d’artistes professionnels (sous forme administrative, logistique ou financière), a accepté de porter ce projet.

2, allées des Fauvettes
95280 Jouy-le-Moutier
Siret : 500 808 043 00011 Code APE 913 E

Une petite équipe est constituée autour de l’artiste:
Jean-François Bouthors (écrivain, éditeur, journaliste), Hocine Tandjaoui (écrivain et expert en développement), Céline Oriol (urbaniste, programmiste), Anne-Laure Gimenez (architecte), Caroline Emmet (documentariste), Roland Cahen (designer sonore).

L’estimation globale du budget comprennant la production, la création, une exposition et l’installation de l’œuvre dans l’espace public est de 300 000 euros.

Première maquette.

CONTACT

Chargé de communication et de développement:
Emanuele Ferrari
emanueleferrari@aol.fr
07 89 32 24 55