Olga – Chili, arrivée en France en 1977
Enseignante
Je suis née il y a 74 ans à Santiago. J’ai grandi chez mes grands-parents, une famille aisée. Comme de nombreux jeunes, je suis devenue révolutionnaire. J’ai vécu les années Allende dans l’exaltation et la dictature de Pinochet dans le désespoir et la peur permanente d’être dénoncée. J’étais mariée, jeune mère de famille et militante clandestine. Nous avons quitté le Chili, c’était devenu trop dangereux. En France, je suis devenue enseignante d’espagnol. J’ai beaucoup plus vécu ici qu’au Chili mais mon histoire tragique passée et l’exil sont une blessure indélébile.
Souleymane Bah – Guinée, arrivé en France en 2016
Dramaturge et metteur en scène
Je suis né en 1973 à Conakry. J’ai fait mes études en France mais je suis revenu chez moi où J’ai fait divers métier, journaliste, communicant. J’étais aussi engagé pour un changement démocratique. J’ai dû m’exiler en 2016 à la suite d’une folle accusation de meurtre. Depuis, en France, j’écris des pièces de théâtre sur les souffrances de mon pays. J’ai reçu des prix, notamment pour ma dernière pièce, La Cargaison, sur le meurtre de onze jeunes Guinéens. Je suis soutenu, reconnu mais l’exil demeure une grande douleur.(https://www.facebook.com/profile.php?id=100009517300010)
Ruba – Syrie, arrivée en France en 2018
Chef d’entreprise
Je viens de Tartus en Syrie, au bord de la mer. J’ai grandi dans des valeurs d’ouverture. je travaillais dans une banque quand la révolution a commencé en 2011. J’y ai participé. Ma famille m’a tourné le dos, parce que Je viens de la société alaouite comme Bachar. J’ai été arrêtée et j’ai fini par partir. Mon fiancé a pu me rejoindre ici avec sa famille qui avait aidé des journalistes français. On fait de la cuisine syrienne, toute la famille. On a commencé avec un food truck et j’ai plein de projets. J’ai deux enfants et je suis heureuse, mais je rêve de la Syrie.
Hocine – Algérie, arrivé en France en 1972
Retraité de la Caisse des Dépôts et écrivain.
Je suis né en 1949 à Biskra, au pied des Aurès. Mes souvenirs d’enfance sont ceux de la guerre de libération, et de la violence. J’ai perdu ma mère à l’âge de 8 ans. Je suis devenu journaliste puis comédien, révolté par le régime du parti unique. En 1972, ma troupe est venue faire une tournée en France. Je suis resté. J’ai eu différents métiers, j’ai repris des études et je me suis consacré à l’insertion professionnelle et la politique de la Ville. J’ai refait ma vie en France. J’ai 72 ans et l’impression d’avoir vécu 500 ans.
Lin Nanjin – Chine, arrivée en France en 2006
Couturière
Je suis née il y a 48 ans dans un village du sud de la Chine. J’étais la petite dernière, chouchoutée. Mais ma vie a basculé. A 9 ans, j’ai perdu ma sœur, puis un frère puis mon père. Nous sommes devenus très pauvres. Je me suis mariée à 20 ans, mais mon mari est mort peu après. J’avais un bébé et un avenir désespérant. Des passeurs m’ont fait sortir de Chine et envoyée en France pour travailler dans les ateliers de couture, 12h par jour. Puis j’ai fait venir mon fils. Maintenant je suis couturière avec un CDI.
Haider – Afghanistan, est arrivé en France en décembre 2018
Animateur associatif
J’ai 31 ans, je suis chiite Hazara, une ethnie persécutée. En plus ,j’ai fait des études de sociologie et créé une association pour l’éducation des femmes et des enfants. Pour toutes ces raisons, je n’avais aucun avenir en Afghanistan. En 2015, je suis parti pour l’Europe, à pied. J’ai mis 3 ans pour arriver en France où j’ai appris le français et fait une formation à HEC à la Sorbonne. Je me sens bien en France. Je suis animateur chez Espero, j’étudie et je suis bénévole pour le MigrantBus, qui aide à l’intégration des migrants.
Soek-Haeng – Cambodge, arrivée en France en 1978 Informaticienne
J’ai passé mon enfance au Cambodge, on vivait dans une seule pièce, on mangeait à notre faim, sans superflu et j’ai de bons souvenirs. J’habitais Phnom Penh quand les Khmers Rouges sont arrivés. Chaque membre de ma famille s’est retrouvé dans un camp de travail, moi à renforcer les digues avec des paniers de cailloux, j’avais 12 ans… On avait peur, ils tuaient les gens, comme ça. On a fui au Vietnam et j’ai pu venir en France, à 15 ans. J’ai fait des études d’ingénieur en informatique, je me suis mariée et j’ai une fille qui fait médecine et dont je suis très fière. Mes racines me manquent, je les retrouve en étudiant le Chinois et le Khmer.
Guedio Traoré – Mauritanie, arrivé en France en 2018
Installateur Réseaux
Je viens de la caste des Esclaves de l’ethnie Soninké, en Mauritanie, qui subit des interdits pour les mariages ou les fonctions sociales. Je n’ai pas accepté ces règles et je suis parti en France parce que j’ai appris le français à l’école. Le voyage a été très dur, j’ai failli me noyer en Méditerranée. Mais aujourd’hui je vis à Saint Brieux et je suis Installateur réseaux. J’ai 28 ans, une copine française, je veux me marier et fonder une famille. Je me sens responsable, libre et heureux. Mais ma famille me manque.
Berthe-Marie – Cameroun, arrivée en France en 1979
Ingénieure en Industrie Agro-alimentaire et PhD en Microbiologie
Je suis née il y a 64 ans au Cameroun, aînée d’une famille de filles que j’ai dû prendre en charge dès mes 11 ans parce que maman était souvent hospitalisée. J’étais très bonne élève et les religieuses française m’ont aidée à m’inscrire à l’Université catholique de Lille. Je suis devenue ingénieure en Industrie agro-alimentaire et diplômée en microbiologie. Je suis devenue experte des zoonoses, les maladies transmissibles entre animaux aux humains et je me suis consacrée à la santé publique en Afrique. Depuis le début de la pandémie, je travaille en Afrique comme experte pour l’OMS.
Chirindel – Afghanistan, arrivé en France en 1982
Conducteur de bus
Je viens d’un village d’Afghanistan où la vie était paisible. La guerre a tout changé. J’avais étudié au lycée, j’étais considéré comme un intellectuel, ceux que l’Etat pro-russe envoyait au front. J’ai préféré fuir, à pied, jusqu’en Iran. Là, j’ai pris un avion pour l’Algérie, mais je me suis arrêté en France. J’ai 58 ans, c’était il y a 39 ans. Je suis chauffeur de bus, je fais les lignes difficiles, ce n’est pas un problème pour moi. J’ai quatre enfants qui font des études brillantes. Ils sont Français. Ils sont toute ma vie.
Nadezda – Russie, arrivé en France en 2015
Juriste
Je suis née il y a 49 ans dans une « ville fermée » de l’URSS, secrète, dédiée au nucléaire militaire. Enfant, j’étais un bon enfant de communiste mais, peu à peu, j’ai commencé à poser des questions, sur les cancers, sur les accidents. Je suis devenue une figure locale de la contestation. Un jour, on m’a accusée d’être un agent de l’étranger. J’ai dû partir pour éviter l’emprisonnement. J’ai traversé la frontière, en urgence, avec mes enfants. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir tout perdu et laissé les gens. Mais j’ai des projets, devenir franco – russe et … mannequin.
Aram – Kurde de Turquie (Kurdistan), arrivé en France en 2018
Comédien
J’ai 32 ans et je suis Kurde, un peuple éclaté entre quatre pays. Mon village est dans l’est de la Turquie. Enfant, je dormais sur les toits en regardant les étoiles. Un jour, les militaires turcs ont mis le feu au village. On a dû fuir. Je suis devenu comédien et militant kurde. J’étais connu, j’étais traqué, j’ai dû fuir. En France, je joue dans des théâtres et je viens d’être admis à l’école des Beaux-Arts de Clermont Ferrand. C’est génial mais mon pays me manque. Je rêve d’y retourner, quand le Kurdistan existera.
Fatima – Maroc, arrivée en France en 2017
En formation
J’ai eu une enfance heureuse à Rabat. Plus tard, j’ai épousé un Malien, contre l’avis familial. On est partis au Mali, on a eu trois enfants mais on s’est séparés. Je savais qu’au Maroc je serais rejetée, que mes enfants africains souffriraient du racisme alors je suis partie pour la France avec eux. On a traversé la Méditerranée en canot, remonté l’Espagne, on est passés en France et vécu 5 mois dans la gare de la Part-Dieu. Aujourd’hui, je suis réfugiée et je suis une formation. Je suis mille fois mieux que bien. Et je voudrais devenir policière.
Armand – Albanie, arrivé en France en 2012
Chef cuisinier
Enfant, j’adorais ma vie en Albanie, j’étais danseur folklorique et je faisais des tournées. Pour des raisons personnelles, ma famille a dû fuir. J’avais 16 ans quand on est arrivés en France. J’ai fait un CAP de cuisine mais je ne connaissais même pas les quiches lorraines. Je m’entraînais sur le réchaud de notre Algéco. J’ai été pris en stage chez Bocuse. J’ai gagné des concours, j’ai même fait Objectif Top Chef. Mon compte Instagram est très suivi mais mon bonheur c’est de vivre et de travailler avec ma famille, tous dans la cuisine.
Linda – République Démocratique du Congo, arrivée en France en 2000
Aide maternelle
Je viens d’un village du Kivu, à l’est de la RDC. Jusqu’à l’âge de 20 ans, j’avais une vie simple et heureuse. En 1999, des hommes en armes sont arrivés. Ils ont massacré tout un village et enterré des femmes vivantes. J’entends les voix. Grâce à une ONG je me suis enfuie. Je suis arrivée à Roissy avec un petit sac. Cela fait 20 ans. Ici, j’ai fondé une famille, je travaille dans une école et j’aide les nouveaux réfugiés. Mon rêve, ouvrir une médiathèque dans mon village et aider à l’éducation des jeunes filles.
Abdulaziz – Soudan, arrivé en France en 2018
Animateur
Je viens d’un village du Darfour, une région déchirée par les guerres entre ethnies, des guerres pour les terres. Je suis le fils aîné, la famille s’est cotisée pour mes études à Karthoum mais il n’y avait aucune perspective à cause de la guerre. J’ai décidé de partir en Europe. J’ai mis 2 ans pour arriver ici. J’ai tout connu, l’esclavage en Lybie, la traversée de la Méditerranée où tu manques de te noyer, la violence. C’est très différent ici ! J’ai réussi à apprendre le français et je travaille pour une association. C’est super.
Samaneh – Iran, arrivée en France en 2021
Peintre-plasticienne
Mon père est très libéral, ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai compris ce que signifie être une femme en Iran. J’ai fait des études d’informatique mais on contrôlait surtout mon tchador. J’ai fait une dépression. Un jour, j’ai rencontré un peintre qui m’a montré son atelier, une révélation. Je me suis mise à peindre. Mais une femme qui peint des femmes ne peut pas exposer en Iran. J’ai posté mes tableaux sur Instagram et des galeries européennes m’ont repérée. Je suis en France depuis 6 mois. Mon mari vient d’arriver. J’ai 31 ans et une nouvelle vie qui commence.(https://www.facebook.com/samane.atefd)
Chance – République Démocratique du Congo, arrivé en France en 2017
Chauffeur routier
J’ai 32 ans et je viens d’un petit village de la RDC toujours en guerre. Enfant, je vivais dans la peur, je ne savais jamais si je rentrerais vivant de l’école. A 15 ans, j’ai été enrôlé de force dans une armée de mercenaires. C’était plus que dur. J’ai réussi à m’enfuir et j’ai obtenu le droit d’asile en France. Aujourd’hui, je suis routier dans la région de Lyon, j’aime ce travail, je me sens tellement en sécurité ! Toute ma famille est morte, à l’exception de mon petit frère qui est resté là-bas.
Carolle – Cameroun, arrivée en France en 2003
Esthéticienne
Je suis née il y a 37 ans dans un village au bord de la mer, au Cameroun. Mon enfance a été un mélange de tristesse à cause du dénuement et de la joie d’une enfance libre. J’ai fait des études à la ville. Je voulais devenir une grande couturière, avoir ma ligne de vêtements. A mes 18 ans, ma sœur m’a fait venir en France. J’ai travaillé longtemps au noir dans des restaurants. Maintenant, je suis mariée à un Français, j’ai deux enfants et e suis esthéticienne. Ce n’est pas couturière mais ma vie n’est pas finie.
Ibrahim – Syrie, arrivé en France en 2013
Apiculteur
Je viens d’Ainhalakim un village de la région de Hama, connu pour produire le meilleur miel de Syrie. Moi, j’étais chef d’entreprise à Damas et apiculteur au village. J’avais épousé la plus belle fille du coin et j’avais de beaux enfants, j’étais heureux. Et puis la guerre est arrivée, en 2013. Il a fallu fuir, la France nous a accueillis. On a créé une entreprise de miel qui marche bien. Je suis devenu Bernard l’apiculteur. Toute ma famille est à l’abri, c’est le principal. Je suis heureux même si la Syrie me manque et me désole.